Un service web gratuit, ça existe ?

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GratuitQuand je regarde les mots-clés les plus tapés dans Google, il y a un mot qui revient beaucoup… Une sorte de mot magique qui attire les foules en masse. Comme l’éclairage des rues avec les insectes… Ce sésame qui ouvre toutes les portes, c’est, bien sûr : GRATUIT ! Alors que la société vit au rythme effréné du payant partout, y compris le moindre parking, comment résister aux sirènes du gratuit ? Surtout quand il s’agit d’un service web vraiment attractif, permettant de stocker et partager ses photos, vidéos, musiques, documents, favoris, et bien plus encore

Pourquoi ces services gratuits ? Vous vous doutez que le terme gratuit cache certaines contre-parties. Quand on débourse quelques euros, on réfléchit un peu. Quand on “achète” un service gratuit, doit-on se laisser endormir ? Voyons donc ensemble ces contre-parties, que l’on vous cache parfois très soigneusement…

1) Limitations :

  • Dans le temps
    Il s’agit là d’une simple période d’essai gratuite, assez courte en général. Ca peut permettre de tester le service, avant de sortir le porte-monnaie.
  • Capacité de stockage ou de transfert
    Cette pratique est la plus courante pour le stockage en ligne. La capacité offerte gratuitement est d’ailleurs le critère que j’ai mis en valeur dans ma liste de 26 sites de stockage de photos. Parfois, la limite porte sur le nombre de photos chargées (“uploadées”) par mois, comme chez Flickr.
  • Pérennité de vos données
    Là, c’est plus sournois… Pour illustrer ce concept, prenons l’exemple de l’offre gratuite de Dropbox, citée très justement par nos amis xoco et willemijns :

“Dropbox se réserve le droit de résilier les comptes gratuits à tout moment, avec ou sans préavis. (…) Dropbox peut supprimer tout ou partie de vos fichiers, sans préavis, s’il s’avère que votre compte gratuit demeure inactif pendant quatre-vingt-dix (90) jours.”

Dans la pratique, cette clause n’est pas forcément appliquée. Il n’empêche. Du coup, le doute subsiste… Tu payes, ou alors…, tu verras bien…

2) Publicité

On est habitué maintenant à voir de la publicité partout : dans la rue, les journaux, derrière votre ticket de caisse… Mais sur le web, ce qui change, c’est que vous êtes fliqués pistés, grâces aux fameux cookies… (Hummm, c’est bon ça, les cookies. Ca fait plein de miettes partout. Jusque sur le disque dur…) Les publicités affichées sont en rapport avec les sites sur lesquels vous avez surfé, quelque temps avant. Dans un sens, tant qu’à avoir des pubs, autant que ce soit sur un sujet qui nous intéresse. Mais ça se discute !… Sachez que pour les publicités venant de Google (très répandues), le “fliquage” peut être désactivé via ce lien.

3) Communications par courriel

Votre adresse courrier électronique vaut de l’or. C’est le moyen le plus efficace de pouvoir vous contacter et vous proposer de nouvelles offres. Si l’entreprise joue le jeu, elle ne vous écrira, que dans les limites que vous aurez vous-même fixées, via des cases à cocher (ou à décocher, c’est là le piège !)…

4) Utilisation de vos informations personnelles

Vos informations personnelles sont précieuses. Si votre profil contient vos intérêts, du style : “j’aime jouer au tennis”, cela pourra intéresser un annonceur qui pourra ainsi cibler ses messages. C’est pour ça que des services comme Facebook, qui bien que gratuits, sont très appréciés des annonceurs.

5) Dépendance du fait de la non-propriété de vos données

Quand vous enregistrez des données sur un site, elles sont toujours soumises aux conditions d’utilisations que avez forcément approuvées (si, si, la petite case que vous avez cochée, contraint et forcé, peut-être sans lire le texte correspondant…). Ces conditions sont variables. Dans le pire des cas, vos données pourront faire l’objet de tout un tas d’usages (marketing, entre autres). Dans le meilleur des cas, vos données ne seront pas utilisées. Mais vous n’en avez pas pour autant la maîtrise : c’est le site qui décide à tout moment de poursuivre  ou d’arrêter votre compte, par exemple. Sans parler de faillite ou d’arrêt du service, possible à tout moment. Dans certains cas, vous pourrez exporter vos données. Mais pas toujours.

Comment éviter ces contre-parties ?

Au final, on s’aperçoit que rien n’est vraiment gratuit, dans tout ça. Quand c’est gratuit, c’est bien souvent que la marchandise c’est nous !…

Alors vous me direz : “Oui, mais a-t-on vraiment le choix ? Peut-on éviter ça ?” En fait, oui et non. C’est bien pour ça que, pour la plupart, nous continuons à servir de marchandise. En toute connaissance de cause, me direz-vous ? Oui parfois, mais en fait, pas toujours.

Pour éviter toutes ces pertes de liberté, il existe toutes sortes de solutions. La plus radicale serait de tout simplement ne pas utiliser ces services en ligne. Mais personnellement, j’envisage une solution plus attrayante : utiliser mes propres services en ligne. Il y a diverses méthodes. Ca fera l’objet d’un prochain article. Pour ne pas le manquer, abonnez-vous ! Il suffit de cliquer sur les icônes bien visibles en haut à droite de cette page…

Et vous, qu’en pensez-vous ? Etes-vous d’accord pour “payer le prix de la gratuité” ? Si vous pouviez avoir le même service tout en restant maître de vos données, ça vous dirait  ?

 

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11 comments to Un service web gratuit, ça existe ?

  • Excellente explication en français du proverbe anglais “if you don’t pay for the product then YOU are the product”.

    Je pense qu’il est trompeur de dire qu’un service est gratuit s’il s’agit d’une limitation courte dans le temps. Cela s’appelle une période d’essai (30 jours pour les plus longues) mais le service n’a pas pour vocation à fournir une solution gratuite.

    Le coup de la suppression totale ou partielle d’un compte gratuit en cas d’inactivité pendant 90 jours, cela peut paraître choquant en première lecture, mais je trouve ça normal (sans doute parce que je me place aussi du côté du fournisseur de service). Imaginons un site de partage de photos sur lequel la création du compte est gratuite. Vous ne tarderez pas à voir un grand nombre de comptes s’ouvrir (comme tu le précises Olivier, le mot “gratuit” ça attire) et la plupart deviendront des comptes zombies. Résultat : ce sont les vrais utilisateurs qui vont bénéficier d’une qualité de service amoindrie à cause de “l’abus” des autres utilisateurs. Bref, ne pas vraiment utiliser me semble être un bon motif pour laisser la place aux autres.

    Je ne suis pas sûr de comprendre le point numéro 3 “Communications par courriel” => est-ce tu sous-entends que le fournisseur va revendre l’adresse email des inscrits à ses “partenaires” (notez bien le terme employé) ? Cela est normalement précisé dans le document obligatoire “politique de confidentialité”. L’absence de ce document sur un site vous demandant de créer un compte n’est d’ailleurs pas de bonne augure.

    Dans le point numéro 5 “Dépendance du fait de la non-propriété de vos données”, tu dis :

    > Dans le meilleur des cas, vos données ne seront
    > pas utilisées, mais elles ne vous appartiennent
    > pas pour autant […]

    Si on prend les “gros” services très connus type Yahoo Flickr, Facebook ou encore Dropbox, les conditions d’utilisation précisent que l’éditeur se donne le droit de manière très large de faire ce qu’il veut des données envoyées par l’utilisateur. Mais que l’utilisateur en reste le propriétaire (sinon ce serait un scandale, pensez aux photographes pro qui utilisent Google+ ou Facebook). A noter que ces services sont des services américains et que je ne serais pas étonné qu’un utilisateur ait un jour porté plainte (et gagné) en accusant un site d’avoir affiché une photo sur une page web. Cela pourrait expliquer ce type de clause qui semble assez dingue lorsqu’on prend le temps de les lire.

    • Merci Pierrick pour tes commentaires et explications fort utiles.

      Mon but avec cet article n’était pas de porter un jugement global sur les contreparties du gratuit. L’objectif était surtout d’aider chacun à prendre conscience du “prix du gratuit” et des limites du système, afin d’ouvrir une réflexion et un débat sur ce que l’on est prêt à accepter ou pas comme contrepartie. Personnellement, je trouve que le modèle économique “freemium” (“free” + “premium”) permet à chacun d’y trouver son compte. Le tout est de ne pas se laisser endormir ou enfermer par des contraintes que l’on aurait sous-estimées. On se dit souvent : “On essaye et on verra plus tard”. Mais “plus tard”, veut dire jamais, ou trop tard, quand on ne peut plus revenir en arrière. En fait, pour nos données, il faudrait une vraie stratégie. C’est ce que font en principe les entreprises. Mais, nous particuliers, on a plutôt tendance à improviser.

      Pour l’histoire des courriels, je voulais juste dire que même si le site en fait un usage normal, certaines personnes pourraient se sentir importunées. En principe, on peut accepter ou refuser de recevoir des emails du site, via des cases à cocher, mais tout le monde ne pense pas forcément à cocher ou à décocher les bonnes cases. Il faut aussi noter que si le site est mal protégé, un spammeur peut récupérer toute la base des emails. Là, c’est encore une autre galère. Ca m’est arrivé une fois. Comme je crée un email par site que j’utilise (Yahoo a une option pratique exprès pour ça), j’ai pu constater que le spammeur m’est tombé dessus dès le jour où j’ai laissé l’email (que j’ai pu “jeter” par la suite, pour reprendre le vocabulaire de Yahoo).

      Concernant la propriété des données, ta remarque est très juste. En fait, je suis allé un peu loin en écrivant que nos données ne nous appartiennent pas. Disons que nous n’en avons pas la maîtrise. Du coup, je viens de corriger la phrase de mon article dans ce sens. En fait, la licence nous appartient, mais les conditions de stockage des fichiers nous échappent en partie. Dans le pire de cas, si on perd les fichiers et qu’on n’a pas fait de sauvegarde (qui sauvegarde ses données Facebook ?), on perd tout.

  • willemijns

    Oh la on me cite, ca y es j’ai mes 15 minutes de gloire ^^

    Les services les plus logique qui offre une gratuité sont les services premiums… d’autre debutent avec des free4life et 2 ans apres on les retrouvent avec 2GB free…

    Oui rien n’est gratuit tout se paye 😉

    • Oui, les offres freemiums (gratuites limitées/payantes améliorées) sont pour moi un bon modèle économique. Ce qui est effectivement plus agaçant, c’est quand l’offre n’est pas claire ou change brutalement du tout au tout. On voit par exemple dans ma liste de sites pour stocker et partager ses photos, que certains sites n’ont pas fixé de limite, tout en étant gratuits. Où est le piège ? En fait, au départ, il n’y en a pas, mais sur le long terme, on ne sait pas. Comme ce sont en général des sites à faible audience, ils se donnent du temps pour décider de la suite. Mais personnellement, je préfèrerais un site qui a un modèle économique clair et viable.

      • willemijns

        Absolument… la crise n’a pas du tout purgé les listes d’hebergeurs de
        photos autant que j’avais prévu, je viens de compter les morts dans ma liste perso et sur les 90, ils en reste encore 85 ce qui est totalement anormal…

        Par contre, quand je vois les concurrents a megaupload, là ca purge sec…
        ok c’est pas le meme volume de données aussi je dois ponderer…

  • location villa guadeloupe

    Perso je cherche un truc gratuit de facturation, quitte à l’installer moi même en PHP/MySql.
    Ou un super gestionnaire de base de données clients.

    Seul truc, c’est qu’il faut qu’il soit bô ! Et là c’est pas gagné ….

  • emilia

    Si il y a un modele economique performant derriere qui permet d’assurer une perennité a l’entreprise pourquoi pas, mais depuis l’eclatement de la bulle internet en 2001 je reste un peu mefiant, limite je prefere payer pour un service et etre sur d’avoir un support derriere
    emilia a publié : Creation site internet – Erreurs à ne pas faireMy Profile

  • ludo

    C’est comme au poker en fait, si tu ne sais qui se fera plumer à la table de jeu c’est que c’est toi!

    Ca fait plusieurs jours que j’entends parler du prix du gratuit… Vu que quand je fais des livraisons gratuites sur ma boutique c’est bien moi qui paye pour mon client, je pensais que certains rognaient également sur leurs marges …

    Comme quoi j’ai encore beaucoup à apprendre.

    Bien cordialement

  • Salut,

    Tout à fait d’accord avec toi, je suis d’ailleurs venu sur ton blog après ton commentaire laissé sur l’article de Vincent sur ISF: http://www.internetsansfrontieres.com/Temoignage-Et-si-je-souhaite-reprendre-le-controle-de-ma-vie-numerique%C2%A0_a375.html

    La recherche du(des) service parfait est une quête quasi continue. D’une part pour acquérir les compétences qui permettent de les mettre en place et d’autre part pour trouver le service qui aura tout ce qu’on voudra. Mais moi c’est ça qui me plaît =)

    Ton article est d’actualité en plus avec les nouvelles manipulations de google pour encore plus enfermer ses utilisateurs. J’ai encore un compte là bas, mais je ne vais pas tarder à les quitter :þ
    Et pour information, j’ai quand même réussi à trouver un service de mail que j’utilise depuis plus de 2 ans sans pub et sans mails indésirables: http://www.mailoo.org.
    Le service est dit gratuit et basé sur du libre, si certains recherchent la simplicité, je le conseille 😉

    Au plaisir de lire tes articles.

    • Merci, Gardouille pour ton sympathique commentaire et bienvenue ici ! Mailoo a l’air sympa effectivement. Mais le modèle économique semble assez incertain, malgré tout, puisque basé sur des dons, en nature, en argent et en bénévolat. Du coup, la pérennité n’est pas garantie. Ceci dit, personnellement, j’aime bien le principe des dons. Ca joue une sorte de rôle social : celui qui peut (et veut) payer, paye, celui qui ne peut pas, se fait offrir le service.

      Une autre option, si on veut lire ses emails, en restant libre et sans pub, c’est mon concept “PerHéLi”, c’est à dire louer un hébergement web et utiliser une application libre adaptée (comme Horde, par exemple).

      Effectivement, le logiciel libre permet d’apprendre beaucoup de choses intéressantes. D’après ce que je vois sur ton blog, des compétences, tu as pris le temps d’en acquérir pas mal !… 😉

  • […] ne le restera peut-être plus dans 6 mois. Elle peut devenir payante, ou rester gratuite mais assortie de certaines contraintes (publicité, suppression si pas de visite pendant une certaine durée, […]

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